BORDEAUX

6 DÉCEMBRE 2025

Messe d’installation des soeurs à Bordeaux

Homélie de Monseigneur Jean-Paul JAMES, archevêque de Bordeaux

Avec Mgr Guellec et vos amis du diocèse de Montauban, avec les membres de vos familles et vos amis de Bordeaux, nous confions au Seigneur, chères sœurs, votre nouvelle communauté bordelaise, sa vie et sa mission. Pour éclairer l’évènement, l’Evangile de la messe du jour propose trois mots lumineux : compassion, moisson, prière.
« Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion ». La traduction est édulcorée, il faudrait dire : il fut remué jusqu’aux entrailles. Arrivant à Bordeaux, vous avez déjà été mêlées aux foules déambulant rue Sainte Catherine, à celles qui empruntent le tram pour se rendre sur le campus universitaire ou venir au travail dans le centre-ville. Celui pour qui vous avez tout donné est saisi de passion pour ces foules ; il est saisi de passion au double sens du mot : l’ardeur d’un élan d’amour, mais aussi la douleur d’une souffrance endurée. Filles de Marie et filles de l’Eglise, vous suivez ce Christ saisi de compassion pour les foules d’aujourd’hui : amour et douleur dans les défis de la mission éducative aujourd’hui en France, amour et douleur dans les défis de la pastorale de la santé aujourd’hui dans notre pays. On connait la prière de Saint Dominique, saisi de cette même double passion : « Mon Dieu, ma miséricorde, que vont devenir les pécheurs ? ». C’est ainsi que brûlait en son cœur, « la flamme apostolique ». Cette compassion du Christ et, dans sa suite, de Notre-Dame est vécue et portée ensemble, en communauté, car si les lettres de mission qui vont vous être remises dans cette messe sont nominatives, vous portez ensemble la mission.
Devant les foules éprouvées d’hier et d’aujourd’hui, le Christ ne baisse pas les bras. « La moisson est abondante » dit-il, à ses disciples. La moisson : c’est une image pleine d’espérance. Il nous dit à tous, et à vous arrivant dans l’agglomération bordelaise qui peut être à certains égards inquiétante eu égard à celle de Moissac : « la moisson est abondante »; dit autrement, ici comme à Moissac, des gens qui vous entourent, sont prêts à accueillir la Bonne Nouvelle.
C’est ainsi que, comme ailleurs en France, nous préparons encore cette année de très nombreux baptêmes d’adultes. Nous ne sommes pas allés chercher ces catéchumènes qui se présentent à nous au grand étonnement des aumôneries d’étudiants ou des paroisses. Dieu a travaillé avant nous, il a travaillé leur cœur : la moisson est abondante. Cela nourrit notre espérance, espérance pour nos communautés chrétiennes, espérance pour les vocations sacerdotales et religieuses. Espérance à la suite de Notre-Dame : du grain tombé en terre, va jaillir un fruit abondant. Chères sœurs, nous vivons ce matin, la tradition ecclésiale de faire mémoire de Notre-Dame un samedi, nous rappelant le samedi saint : dans le silence de ce jour-là, Notre-Dame espère contre toute espérance.
De la mort, des difficultés actuelles de la vocation religieuse apostolique, va jaillir la vie. Du grain de blé tombé en terre, va jaillir la vie. La moisson est abondante, quand je lis la soif spirituelle de tant de catéchumènes jeunes et moins jeunes. En vous accueillant, c’est cela aussi mon espérance : que la vie consacrée continue de rayonner dans notre diocèse. La vie consacrée est majeure dans nos diocèses. Et pourquoi ? C’est le troisième mot.
Prière. Priez le Maitre de la moisson. Saint Thomas d’Aquin, maître de votre famille dominicaine répétait : « contemplare et contemplata aliis tradere ».
Voilà un point important : On ne peut transmettre et annoncer que ce qu’on a contemplé, médité, goûté dans le silence du cœur. N’est-ce pas d’ailleurs l’attitude de Notre-Dame, le jour de Noël ? « Par notre vie de consacrées, nous voulons témoigner que Dieu est Premier », écrivez-vous dans votre présentation.
Vous le faîtes en proposant concrètement de participer à la liturgie des heures et à la messe dans cette chapelle, au cœur de la ville. « Notre monde, écrivait St Jean-Paul II, dans lequel les traces de Dieu semblent souvent perdues de vue éprouve l’urgent besoin d’un témoignage prophétique fort de la part des personnes consacrées. Ce témoignage portera d’abord sur l’affirmation du primat de Dieu et des biens à venir » (Vita consecrata n° 85). Dit autrement, témoigner au milieu de ce monde fasciné par la puissance technologique, non pas tant de ce dont l’homme est capable, mais ce dont Dieu est capable, selon les mots de l’Ecriture : « Ils rendront grâce à Dieu ».

Alors, oui, dans cette eucharistie nous rendons grâce à Dieu pour votre installation, pour la présence de la vie consacrée dans le diocèse et nous confions à notre Dieu la fécondité de votre mission. Amen.

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